Création d'un outil participatif de collecte de données naturalistes : l'exemple des plateformes participatives de Lannion Trégor Communauté et du Parc Naturel Régional du Golfe du Morbihan

En 2018-2019, les deux territoires s’engagent dans des Atlas de la biodiversité intercommunale pour Lannion-Trégor Communauté et communale pour le Parc naturel régional (PNR) du Golfe du Morbihan. Dans le cadre de la première phase de ces démarches dédiées aux inventaires, les populations sont sollicitées pour fournir des observations : très rapidement, il apparaît que la récupération et le traitement des données communiquées par les habitant·es se révèlent être complexes et chronophages. 

Dès lors, le souhait des deux territoires a été de mettre en place une plateforme participative directement alimentée par les citoyen·nes. Après une analyse des outils existant au niveau national, il est apparu que pour répondre aux besoins, la solution consistait à développer leur propre outil interactif sur Internet, intuitif pour les citoyen·nes, ciblant l’ensemble des groupes floristiques et faunistiques et facile d’usage pour récupérer les données. 

Les deux structures se sont rapprochées et ont finalisé une consultation avec un cahier des charges, intégrant un tronc commun et quelques spécificités pour chacune d’entre elles. La prestation a abouti au développement et à la mise en ligne d’une plateforme facilement utilisable par les citoyen·ne·s : 

• une alerte indique que les données déposées sont publiques et communicables aux partenaires des collectivités ; 
• le dépôt de la donnée se fait en quelques étapes : 
• « je pointe sur la carte le lieu de l’observation » ; 
• « j’indique le nom de l’espèce » avec les effectifs observés, la date d’observation, d’éventuelles remarques. Note : si l’espèce n’est pas connue, il est possible de déposer une photo ; 
• « j’indique mon nom et mes coordonnées » avec possibilité que la donnée fournie ne soit pas consultable en ligne. 

À partir de là, les gestionnaires de la plateforme ont la possibilité d’échanger avec l’observateur·ice (voire de l’informer de l’espèce observée si celle-ci n’était pas connue) et de confirmer la donnée. 

L’ensemble des données capitalisées sont consultables sur une carte interactive qui permet de passer d’une version très précise à une vision d’ensemble du territoire (les données sont alors présentées sous forme de « camembert » par commune).

Bilan quantitatif 

• À l’échelle de LTC : quelques 1 000 observateur·ices; 39 000 observations saisies, plus de 2 000 espèces.  
• À l’échelle du PNR: 1100 observateur·ices, plus de 16 300 observations, et 1720 espèces.  

Bilan qualitatif 

• Observation d’espèces qui sont des nouveautés (intérêt scientifique).
• Outil contribuant à une sensibilisation de la population et à une augmentation de son intérêt vis-à-vis de la biodiversité. 
• Intérêt de pouvoir enrichir la base de référence des espèces, mais également de la moduler au besoin et à la demande des observateur·ices.

Enseignement et points de vigilance 

• La conception de la plateforme doit être réfléchie par rapport à son accessibilité pour le grand public, mais aussi par rapport aux informations que le maître d’ouvrage souhaite récupérer et aux modalités d’alimentation de la base de données (importance du lien vers un système d’information géographique-SIG). L’ajout de données demandées ou de taxons proposés doit également être réfléchi au regard de ses incidences sur l’administration du site et en fonction de l’interface de saisie. 
• Le temps d’animation et de validation des données associé à la plateforme est important et cette disponibilité est la garantie du succès du portail. 
• La plateforme créée se révèle être très bien conçue pour le dépôt et la saisie des données. Elle pourrait être améliorée avec l'envoi automatique d'un mail aux contributeurs (pour la validation des données ou l’identification d'une espèce). 
• La difficulté qui subsiste est associée à la validation des données, même s’il y a possibilité de brider les choix d’espèces en fonction des attentes et des compétences. 

Dès leur mise en place, les plateformes ont eu un réel succès et ont permis d’accroître le nombre de contributeur·ices de données.  

Pour LTC, l’ensemble des observations collectées sont intégrées automatiquement, chaque fin de semaine, à la base de données naturalistes globale. Après une pré-validation, ces observations sont très rapidement disponibles pour être intégrées sur Biodiv’Bretagne sous l’égide de l’OEB. 

Pour le PNR du Golfe du Morbihan :  

• Dans le cadre de la démarche d'Atlas de la biodiversité communale, le PNR a lancé une campagne de communication autour de 26 espèces assez faciles à observer et à prendre en photo : les WANTED, qui a permis de faire connaitre la plateforme.  
• Une seconde interface privilégiant les habitats constitutifs des trames naturelles (verger, mare, arbre têtard, etc.) a été ajoutée permettant une contribution sur ces milieux spécifiques. 
• Les utilisateur·ices ont la possibilité de créer leur compte afin de suivre leurs observations, et la plateforme est disponible en format mobile Android pour une utilisation facilitée.