Données naturalistes existantes et inventaires complémentaires, méthodes et choix : l'exemple de l'ABC de Concarneau
- Retour d'expérience
- Objectifs
- Obtenir des données floristiques et faunistiques cartographiques qui permettent une intégration des enjeux « biodiversité » dans les politiques publiques.
- Description de l'action
Une première étape de capitalisation des données existantes
Il s’est agit de récupérer toutes les données naturalistes concernant la commune de Concarneau, et ce tous groupes d’espèces confondus. Pour cela, ont été exploitées :- des bases de données fournissant des informations géolocalisées : bases de données de Bretagne Vivante, de Faune-Bretagne, du Conservatoire botanique national de Brest (CBNB) ; données de l’Office français de la biodiversité (OFB) ;
- des bases de données fournissant des informations non géolocalisées : ont été consultés les acteurs susceptibles de disposer d’informations sur la flore et la faune de la commune, tels que le Groupe Mammalogique Breton (GMB), le GRoupe d’Études des Invertébrés Armoricains (GRETIA), le Muséum national d’Histoire naturelle (MNHN) ou la Fédération Départementale des Chasseurs.
En outre, des documents spécifiques tels les documents d’objectifs Natura 2000 ont été exploités.
In fine, cette phase a mis en évidence, en premier lieu, des lacunes géographiques et historiques : de nombreuses données ne sont pas localisables ; la répartition des données géoréférencées se révèle être hétérogène ; peu d’informations sur l’historique de présence des espèces sont exploitables.En second lieu, il est apparu des lacunes « thématiques » : les groupes d’espèces pour lesquels des informations sont disponibles sont ceux les plus communément étudiés par les naturalistes (notamment la flore et les oiseaux) ; les espèces dites « banales » sont souvent peu notées (par exemple une seule donnée sur le crapaud épineux) ; les données sur les taxons les plus rares peuvent être soumis à interrogation faute de validation.
Une démarche d’acquisition de données complémentaires en associant la population et par des inventaires ciblés
L’association de la population a fait l’objet de différentes animations dont les « carto-marchés » consistant en un stand présent sur le marché de la ville. Ce dispositif, particulièrement intéressant pour révéler et compléter les lacunes concernant les espèces dites « banales », est l’objet de la fiche n° 15.
Les inventaires naturalistes ont été, pour leur part, concentrés sur des secteurs « témoin » de la biodiversité de Concarneau. La démarche qui a présidé à l’identification de ces sites prioritaires est l’objet de la fiche n° 34 intitulée : « Priorisation des territoires à inventorier : l’exemple de Concarneau ».Des inventaires naturalistes prenant en compte les compétences disponibles
Les plans de prospection, visant le repérage du plus grand nombre de taxons possibles, ont été définis en associant des compétences scientifiques dans chaque domaine, en prenant en compte les capacités des bénévoles prêts à s’investir, et la durée de la période d’investigation réduite à 1 an.
Au final, les prospections naturalistes ont concerné la flore, les amphibiens et les reptiles, les mammifères et de façon spécifique les chauves-souris, les oiseaux, certains groupes d’insectes et les araignées, les mollusques terrestres et les macro-invertébrés vivants dans les fonds des cours d’eau.
Sans viser l’exhaustivité des protocoles retenus, peuvent être pointés les éléments suivants :- Les reptiles ont fait l’objet d’un inventaire par la pose de plaques de thermorégulation regroupées par quatre sous forme de transect : chaque groupe de plaques est relevé tous les 15 jours d’avril à juin et les espèces observées sont notées.
- Les chauves-souris ont été inventoriées sur la base du protocole Vigie Chiro, en utilisant des appareils d’enregistrement des ultrasons automatiques disposés entre mai et septembre en quelques 102 points.
- Les oiseaux ont fait l’objet d’inventaires permettant d’appréhender les espèces présentes au gré des différentes périodes d’un cycle annuel (hivernage, migrations, reproduction). Pour les oiseaux nicheurs, un protocole simplifié a été défini de façon à recueillir des informations fiables et exploitables sans avoir à recourir à des démarches lourdes (types indice kilométrique d’abondance – IKA) que ne pourraient pas mettre en œuvre bon nombre de bénévoles.
- Les macro-invertébrés vivants dans les fonds des cours d’eau ont été appréhendés en utilisant la méthode du filet Surber normalisé (protocole Kicksampling – ONEMA) qui permet de récupérer la faune en aval d’une zone qu’un opérateur foule au pied.
- Bilan et enseignement
Une période d’investigations naturalistes sur 2 cycles annuels paraît être un minimum dans ce type de démarche. Il est important de ne pas oublier que la période de janvier à mars est essentielle pour appréhender correctement le groupe des batraciens.
L’implication de bénévoles suppose le choix de protocoles simplifiés qui puissent être assimilés rapidement et mis en œuvre sans lourdeur excessive. À contrario, le choix de protocoles scientifiques plus rigoureux implique alors de prévoir des temps de formation des bénévoles.
Enfin, la réalisation des différents inventaires implique des prospections, de jour et parfois de nuit, répétées sur des terrains privés : elles ne peuvent être réalisées qu’avec l’accord ou a minima l’information des propriétaires et exploitants concernés.
- Suite et perspectives
L’exploitation et l’analyse de l’ensemble des données a permis d’améliorer significativement la connaissance de la biodiversité de la commune. Cette amélioration des connaissances a conforté l’identification de la trame verte et bleue locale, et notamment des réservoirs de biodiversité.
En termes de perspectives, deux axes peuvent être évoqués :
- un suivi de l'ensemble des données répertoriées. Les conditions de mises à jour sont encore à définir : elles pourront concerner une zone délimitée (un réservoir de biodiversité, l'estran pour alimenter l’OBservatoire des Changements des Estrans (OBCE) porté par l’association Bretagne Vivante, etc.) ou des groupes taxonomiques, etc. ;
- la poursuite de la participation citoyenne dans la fourniture de données naturalistes au travers d’un outil interactif.
- Maître d'ouvrage
Commune de Concarneau
Partenaire associéAssociation Bretagne Vivante (prestataire)
- Durée de mise en oeuvre
Septembre 2018 - Janvier 2020
Coût du projet et moyens humainsBudget de l'ABC : environ 33 000 euros
Sollicitation d'environ 48 bénévoles pour réaliser les inventaires