Restauration de tourbières - Sources de l'Ellez (29)

Sur ce site largement modifié par l’homme, notamment drainé pour permettre le pastoralisme et l’extraction de tourbe, des premiers travaux d’ingénierie hydraulique ont été menés en 2018 pour tenter de réduire les écoulements d’eau sur le lit mineur de l’Ellez, qui traverse la tourbière. En réponse à leur échec, une nouvelle approche fondée sur la restauration écologique en lit majeur a été mise en œuvre, ciblant le réseau de fossés drainants en « arrêtes de poisson » le long du cours d’eau. Les travaux de restauration du milieu et de rebouchage de drains entrepris n’ont nécessité aucun apport de matériaux extérieurs. Par la reconstitution des capacités hydrauliques et hydrologiques naturelles de ces écosystèmes, ces travaux doivent contribuer au maintien du niveau de la nappe, des conditions humides et de la fonction « puits de carbone » du site.

Cette action de restauration contribue également à la sauvegarde de la biodiversité du plus grand ensemble de tourbières de Bretagne.

Parmi les opérations mises en œuvre :

• Réalisation d’un état initial avant les travaux (stage) : placettes de suivi de la végétation, installation de piézomètres, sondages pédologiques ;
• Mise en place d’une zone d’exclusion sur une partie de la zone d’intervention du fait de la présence du malaxis des marais (Hammarbya paludosa) ;
• Rebouchage des drains pour limiter les apports hydrauliques hivernaux ;
• Travaux de terrassement par la mobilisation des anciens merlons de curage présents sur site – rebouchage de l’intégralité du linéaire de fossés drainants ;

Le recours à la restauration écologique comme Solution fondée sur la Nature a permis la suppression des rejets de drainage dans le lit majeur de l’Ellez et la réhumidification de la zone d’intervention. Les travaux réalisés laissent espérer un regain rapide des fonctionnalités écologiques sur une surface de 24 ha, à la suite d'une phase de chantier courte et peu coûteuse.

Difficultés rencontrées :

L’identification des propriétaires privés et l’obtention de leurs autorisations pour la réalisation des travaux a allongé la phase de conventionnement.

Facteurs clés de réussite :

• Intérêt des élus et des partenaires pour cette action de restauration expérimentale ;

• Contexte de révision de la charte du PNR avec une volonté de mise en avant des enjeux de l’adaptation au changement climatique ;

• Evaluation scientifique en cours sur la capacité de séquestration du carbone par les tourbières des Monts d’Arrée, avec des résultats encourageants.

Conseils à donner et écueils à éviter :

Ce projet illustre la façon dont les Solutions fondées sur la Nature (SfN) peuvent constituer une alternative moins onéreuse et plus efficace que certaines solutions d’ingénierie classique afin de restaurer plusieurs fonctions d’une zone humide (biodiversité, stockage et épuration naturelle de l’eau, séquestration du carbone).
L’adéquation des nouveaux projets d’aménagement avec les attendus relevant de l’adaptation au changement climatique et des SfN facilite l’accès à de nombreux financements et partenariats, publics comme privés.

Suivi du projet :

À la suite des diagnostics écologiques, pédologiques et piézométriques produits en amont de la réalisation des travaux, de nouvelles mesures vont être réalisées en 2025 pour évaluer l’impact du projet sur les différents paramètres étudiés.

Perspectives : 

• Opération de reméandrage envisagée ;
• Réflexions sur le déploiement d’autres actions de restauration similaires après la fin de la programmation LIFE.